samedi 29 mars 2008

SOCA GOLD 2007


(VP /Wagram)
Par Ever Rey D
Le chroniqueur a vraiment regretté que la Reggae Gold 2007 ne soit pas livrée avec un oreiller. Pas besoin d’un réveil strident pour l’extirper des brumes du sommeil avec Soca Gold 2007 ! On a par le passé titillé VP pour la tiédeur occasionnelle de cette série, mais ce volume a de quoi régler quelques comas profonds. Si vous recherchez des sons irrésistibles pour contourner les rengaines en carton de la saison chaude, voilà un bon plan. Nous constatons avec plaisir que cette fois le label n’a pas cédé au crossover facile : au contraire, voici sa livraison la plus authentique ! Peu de dancehall-soca au programme (hormis le volcanique Bunji Garlin et un titre de Lil Rick aux chœurs parfaits sur le même riddim) et pas de rythmiques tiédasses à la ‘Mamacita’. À la place, des cadences variées avec plusieurs grands noms du genre, sans oublier de jeunes pousses qui n’ont pas les deux pieds dans le même sabot. On espère que vous non plus, ou alors attention à la grosse gamelle sur le dancefloor ! Bien sûr, l’utilisation de ce disque est davantage conseillée en extérieur, sinon l’ambiance tournera vite au sauna infesté de boucs en rut ! Alors que la Jamaïque frôle la constipation pour ce qui est de digérer le r&b US, la galaxie soca n’a pas de problème de transit et le prouve. Si le Carnival Symphony de Kimberly Inniss n’est pas un poids-lourd du genre, son côté leste et léger mériterait les faveurs du public international. Le vétéran Roy Cape, associé au chanteur Blaxx, pète la forme avec un jump up dans les règles de l’art : trépidations garanties ! Olatunji Yearwood, autre chanteur du groupe, met aussi la barre bien haut avec le bien nommé Get Wild. Même équipe, même vibe avec Rita Jones : pop mais très nerveuse, la demoiselle déménage ! Autre sommité, Edwin Yearwood calme l’affaire sur un tempo cousin du zouk d’antan version super-balle. Dans la même veine, d’autres titres sont autant de rayons de soleil, comme celui de Mr Dale (révélé par Kaylaylay, gros tube caribéen de ’99). La jeune école est représentée par Mr Slaughter (ex-Dawg E Slaughter) pour un hit qui détourne un gros hit pop occidental (une spécialité locale) ; bien moins hardcore que son pseudo, mais très plaisant ! La parité presque parfaite entre artistes masculins et féminins est une autre satisfaction : il s’agit sûrement d’une des seules scènes musicales modernes où les femmes rivalisent avec les hommes avec les mêmes armes. Toujours dans le jump up 100 % naturel, Fay-Ann Lyons (digne de la flamboyante Alison Hinds, ex-Square One) rayonne. Sa consœur Destra Garcia offre un hit très eighties tout aussi réussi. Les énergiques El A Kru (Antigua & Barbuda) et leur chanteuse s‘exposent sur les meilleures compiles soca et ce n’est que justice. Plusieurs petites Antilles ont aussi réussi à imposer leurs artistes : autre place forte du genre, la Barbade est représentée par Krosfyah, piliers du style depuis longtemps. Les formations soca ayant souvent plusieurs solistes vocaux, Khiomal Nurse s’y colle ici. Autre excellente surprise : pour une fois la chutney - variante d’influence indienne - est très bien représentée avec les chansons accrocheuses de Peter Ram (qui a écouté Richie Spice !), Sean Caruth (une des voix du groupe Traffik et d’autres célèbres combos) et Rikki Jai, fameux chutney monarchs (un hommage peu orientalisant aux «iron bands»). Sautillants et aériens, ils offrent un répit mérité au fracas du jump up. C’est encore cette tendance qui clôt la (road) marche de cette année avec KV Charles, habitué des compilations qui comptent. Cette sélection séduisante est en plus agrémentée d’un DVD où l’on retrouve les principaux protagonistes du CD en version live, où ils prennent une nouvelle dimension devant un public du carnaval survolté : de la danse, des clashes amicaux et une flag party supervisée de main de maître par l’incendiaire Fayann Lyons. Pour emballer le tout, on ajoute quatre clips locaux plein de vie et on boucle l’affaire !

Bande annonce Soca Gold 2007


PETER RAM « Woman By My Side »


RIKKI JAI « The Last band »

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