mardi 18 mars 2008
DRAGON DAVY
Dragon Davy est un DJ qui a la tête sur les épaules. Il a décidé de sortir un street Cd cet été en mode commando. Il s’est occupé d’un maximum de chose afin de laisser le moins de place possible pour le hasard. Ce street Cd préfigure un véritable album qui s’annonce somptueux. Avant ça, courez chez votre disquaire pour soutenir un artiste qui le mérite.
Pourquoi avoir sorti un street Cd en solo ?
Dragon Davy : Tout simplement parce que Medhi vient de créer sa propre boîte de transport, ce qui lui a pris pas mal de temps. De mon côté, j’avais déjà pas mal de titres en solo de côté et j’ai décidé de sortir un street Cd en attendant un album solo proprement dit. Ensuite, on se mettra sur le second album de Soundkaïl. En même temps, on voit Medhi sur la pochette du street et en photo avec moi à l’intérieur. J’ai voulu le mettre là pour montrer aux gens qu’on est toujours ensemble. Il apparaît aussi en featuring sur « Rendez-Vous Manqué », « Les Évadés » ou « la Haine de l’Autre ». Et il sera aussi sur mon album.
Que s’est-il passé depuis la sortie du disque de Soundkaïl ?
DD : On a été super déçu de la façon dont la maison de disque de l’époque a travaillé notre album. Nous en avions vendu assez rapidement plus de 6000 exemplaires et ensuite le label a refusé de réinjecter de l’argent dans notre projet. Cela nous a mis un bon coup au moral. À ce moment-là, on a continué à sortir quelques trucs sur différentes compiles. À côté de ça, on a fait nos vies pour rentrer un peu d’argent dans les caisses. Les choses ont pris plus de temps que prévu. Comme je sais qu’il existe une demande des gens par rapport à Soundkaïl, j’ai décidé de sortir ce street Cd. Maintenant, j’ai trente ans et je pense avoir encore du jus, c’est le moment d’essayer de faire quelque chose dans la musique. Je n’ai plus le temps d’attendre. Soundkaïl est un groupe très réaliste : on aime la musique, mais on a les pieds bien sur terre. C’est peut-être la maturité qui veut ça.
Vous avez aussi réédité votre premier album en édition limitée…
DD : On en a pressé deux milles exemplaires car pas mal de personnes voulaient l’acheter. Cela permettra aussi à la toute nouvelle génération de découvrir ce qui se faisait avant.
Ce n’est pas évident de signer avec une maison de disque en ce moment ?
DD : Comme on n’a rien sorti depuis quatre ans, les gens n’ont pas forcément envie de prendre de risque en investissant de l’argent sur nous. Je pense que c’est une bonne stratégie de sortir un street album pour annoncer notre retour. On a toujours les punchlines, on sait toujours faire de bons morceaux… Je suis très content de ce quinze titres. Après, je vais finir de préparer mon album et l’on verra où il sortira. Cela ne me dérangerait pas de travailler dans les mêmes conditions que pour le street.
Le visuel de la pochette est assez réussi…
DD : Je ne voulais pas reproduire les mêmes erreurs que pour la pochette de Soundkaïl qui était beaucoup trop «ghetto». Pour le coup, on venait d’arriver dans le monde de la musique… Comme j’aimais beaucoup le travail de Koria sur pas mal de pochettes, je lui ai donc demandé de travailler sur la mienne. J’aime bien l’univers du studio qui se dégage des photos, j’ai aussi rappelé la présence de Soundkaïl avec le logo. Il y a une ambiance ragga hip hop qui se dégage de l’ensemble qui me plaît bien. J’ai essayé de faire un retour propre…
Les ambiances musicales de « J’Arrive » sont assez ragga hip hop, c’est quelque chose de voulu ?
DD : Tout à fait. Entre 2000 et maintenant, on s’est essentiellement posé sur du ragga hip hop. Ce qui est assez logique puisque l’on a été plus sollicité par des artistes rap. Ce street récapitule un peu le début des années 2000. Mon album sera différent et beaucoup plus large musicalement parlant.
Si j’ai bien compté, il y a huit inédits sur quinze titres ? Tu as mis du temps avant d’arriver à ce track-listing ?
DD : J’ai récupéré les titres que je préférais à gauche et à droite. Ensuite, certains projets ont mieux marché que d’autres. À chaque fois, je pense que ce sont des bons morceaux. En même temps, je n’ai pas voulu carotter les gens. J’ai donc également inclu pas de mal de chansons inédites pour que tout le monde soit content.
Tu as choisi de mettre pas mal de morceaux en featuring…
DD : Je pense qu’il était important de mettre des titres en combinaison avec des artistes ragga français bien en place comme Daddy Mory, Blacko ou Jacky & Ben J… Ce qui sur, c’est ce que, sur mon album, je serais beaucoup plus seul.
Le moins qu’on puisse dire c’est que tes lyrics sont très rough et ne font pas dans le consensuel…
DD : Comme je dis tout le temps : je veux faire mon ragga dans le milieu du rap. Personnellement, je préfère les thèmes et l’écriture des rappeurs. Les DJ’s du dancehall tournent souvent autour des mêmes choses, que ce soit les croyances ou alors les femmes. Techniquement parlant, je me sens aussi plus proche du rap. Dans le ragga, le flow est terrible, mais l’écriture est souvent assez pauvre. Les rappeurs se prennent vraiment plus la tête dans leurs lyrics. Ils essayent de trouver de nouvelles façons de dire les choses, ce qui n’est pas toujours le cas ailleurs. Ensuite, il a tout de même des artistes reggae qui écrivent de belles chansons comme Mr Toma, Blacko ou Taïro.
Explique nous l’existence de ton interlude « Rastaman Attack » avec Mickey 3000 et Caporal Nigga…
DD : On a été souvent amené à passer des soirées dans des sound systems ou en studio. On y a vu des personnes pleines de discours et qui voulaient changer le monde mais qui ne faisaient pas grand-chose concrètement. Les choses n’avancent pas vraiment. À un moment, il faut arrêter de parler et se mettre à agir. Maintenant, tu peux avoir des croyances : je n’ai absolument rien contre les rastas. Mais j’ai pas mal vu d’hypocrisie dans le ragga. Il faut rester sois même et ne pas s’inventer une vie qu’on n’a pas, que ce soit dans le rap ou dans le reggae. Je tiens à rester carré dans ma manière d’être. De toute façon, j’ai grandi en banlieue dans une cité. Je ne connais pas forcément tous les artistes reggae du moment. J’écoute essentiellement des ambiances musicales sans me focaliser sur un seul style en particulier.
Featuring Blacko « Leur France »
Recalage
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